(dans tout le portfolio, n'hésitez pas à cliquer sur les images pour les agrandir...)
Trop conscient de ce qu'il existe, hélas, un "bruit" visuel considérable, invasif et bien réel de notre environnement, proche de la cacophonie permanente, je suis particulièrement attaché dans mon exercice du design à ne pas ajouter du bruit au bruit, en affûtant les messages, les signes émis, et chaque fois que cela est possible, en apportant plus de calme et de sérénité, ce qui est aussi une façon de créer la rupture, l'identification que peuvent attendre nos clients.
Ceci est sans doute assez proche de ce que certains ont pu théoriser sous le nom de disruption, mais je lui préfère l'idée de connexion : créer des liens, comme le suggérait le Renard au Petit Prince de Saint-Exupéry, travailler sur la connivence plutôt que sur le conflit, sur le paisible plutôt que le surexpressif.
Un projet porté par deux petits farfadets qui auraient presque l'âge d'être mes enfants, que j'accompagne depuis plusieurs années dans l'accouchement dantesque de ce lieu si vital pour eux... L'ouverture, prévue en septembre 2020, se rapproche à grands pas et la tension monte tout autant que le plaisir de voir peu à peu se concrétiser tant de temps et d'efforts consacrés. De l'identité graphique à l'aménagement intérieur. Design de mobilier spécifique en collaboration avec Eloi Secleppe, autre lutin pris sous mon aile pour un long stage de 6 mois, qui a pris son envol à présent en tant qu'éco-concepteur.
Deux grands comptes, deux grands territoires, la SNCF et la RATP, et la même volonté méconnue d'investir dans le design pour l'offrir à leurs voyageurs, sans retour commercial direct, pour le premier bénéfice de mieux vivre ensemble, de soigner l'espace commun, de semer des signes d'attention portée....
Pour la longue et qualitative relation de collaboration que ce projet a nécessitée, notamment avec les différents acteurs de la RATP, le projet de sièges des quais du métro parisien a reçu le
Grand Prix AFD 2014
de la relation professionnelle
Parfois la chance vous sourit, et on vous donne l'opportunité d'insérer votre travail au sein d'une pure merveille architecturale. On y va avec précaution, beaucoup d'écoute, et les antennes ouvertes, et là on redécouvre le réel derrière l'icône, et on se laisse surprendre... Vous vous rappeliez, vous, qu'à Notre-Dame de Paris, le sol est un damier noir et blanc posé à 45° ? Le mobilier créé pour accueillir la billetterie et ses audioguides, la boutique de souvenirs ou la caisse de l'accès au trésor, est né de la recherche du plus juste équilibre possible entre contemporanéité et médiéval. Matériaux et trames carrées s'insèrent avec douceur dans cet écrin et laissent regretter qu'en bien d'autres endroits l'exploitation du lieu génère son lot de médiocres accessoires sur catalogue (gère-files à potelets inox, panneaux lumineux, etc.)... Pour AREP, Jean-Marie Duthilleul, Architecte.
Addendum : suite au grand incendie de 2019, les mobiliers intérieurs, détruits tout autant par le feu que par les efforts des pompiers, ne sont hélas plus qu'un souvenir aigre-doux, un pincement au coeur d'une époque révolue.
Si la muséographie était plus le cheval de bataille de mon collègue chez A Kiko, j'ai souvent pu y glisser mon grain de sel, intervenant pour dessiner la mascotte du Musée du jouet de Moirans-en-montagne, définissant la colorimétrie des salles, le graphisme et la signalétique ou parfois le dessin du mobilier. Les projets ont souvent été difficiles, le chemin très long pour les mener à terme, mais chaque fois ils ont été à tout le moins l'occasion de rencontrer des personnages d'exception, entiers, érudits, passionnés et laissent le souvenir de délicieux échanges, parfois improbables, souvent tellement enrichissants... Quelques grains de folie aussi, des tempêtes douloureuses, des regrets certainement, mais les pages finissent toujours par être tournées.